Hommage à Mory Kanté.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Avec les disparitions de Manu Dibango, Tony Allen, Idir, des Congolais Aurlus Mabélé et Kadongo wa Kanema, du Kenyan Aziz Abdi Kilambo ou le producteur Diapy Diawara, ce printemps 2020 aura été rude pour les amoureux des musiques africaines.
Et puis le 22 mai dernier, c’était au tour du Guinéen Mory Kanté de nous quitter.
On pense forcément à Yé ké Yé ké, mais bien avant et en dehors de ce titre, celui qu’on surnommait  le « Griot électrique » était déjà un musicien célèbre en Afrique. Il a fait partie entre autres du fameux orchestre de la gare, le Rail Band de Bamako et a à un moment remplacé au chant dans cette formation un certain Salif Keita. Plus tard, Il fera découvrir la kora au monde entier en associant les musiques traditionnelles mandingues aux “grooves” plus urbains et l’album « Akwaba Beach » aura un succès planétaire.
En avril 2011, le Printemps de Bourges avait eu la bonne  idée de demander à quelques grandes voix africaines d’interpréter quelques tubes hexagonaux et à de jeunes artistes occidentaux d’adapter des chansons venues de l’autre continent. Cette création portait le nom de Yé ké Yé ké et Mory Kanté en faisait bien entendu partie.
En hommage au musicien parti trop tôt, nous rééditons le compte-rendu détaillé (paru initialement dans la revue Ethnotempos) de ce concert unique.
Mory Kanté. Printemps de Bourges avril 2011 (Conférence de presse et concert (Aux choeurs : Mayra Andrade et Yael Naïm). Photos : Frantz-Minh Raimbourg
Mory Kanté. Printemps de Bourges avril 2011 (Conférence de presse et concert (Aux choeurs : Mayra Andrade et Yael Naïm). Photos : Frantz-Minh Raimbourg

Mory Kanté. Printemps de Bourges avril 2011 (Conférence de presse et concert (Aux choeurs : Mayra Andrade et Yael Naïm). Photos : Frantz-Minh Raimbourg

                                         « Yé ké Yé ké »                                                                                         22 avril 2011. Printemps de Bourges.
 
Un hommage à double sens et un choix suggéré indirectement au programmateur du festival Thierry Langlois par Salif Keita. Le chanteur malien racontant dans une émission musicale à la télévision combien il avait été marqué par la chanson française…au point de réaliser un album (Sosie) en 1997 entièrement dédié à ce répertoire.
Le concert intitulé ainsi en référence à la célèbre chanson de Mory Kanté aura demandé un an de gestation et un important effort financier.
Etrangement, il n’y a eu qu’une seule représentation et dans une salle d’une capacité minime de 500 places. Pour cette raison sans doute, le concert affichait complet presque un mois à l’avance.
Réunis par la SACEM et le printemps de Bourges, les guitaristes Seb Martel et Nicolas Repac avaient invité autour d’eux quelques pointures comme le Malien Lansiné Kouyaté (balafon), le Réunionnais Johann Berby (basse), le Français Patrick Goaguer (batterie, percussions) et le génial Aly Wagué à la flûte Peul.
Vieux Farka Toure (Conférence de  presse), Mamani Keita (Conférence de  presse) , Victor Démé, Piers Faccini, Mayra Andrade, Yael Naïm, Cheikh Lô, Nicolas Repac et Sébastien Martel. (Photos (Diaporama) : Frantz-Minh Raimbourg)
Vieux Farka Toure (Conférence de  presse), Mamani Keita (Conférence de  presse) , Victor Démé, Piers Faccini, Mayra Andrade, Yael Naïm, Cheikh Lô, Nicolas Repac et Sébastien Martel. (Photos (Diaporama) : Frantz-Minh Raimbourg)
Vieux Farka Toure (Conférence de  presse), Mamani Keita (Conférence de  presse) , Victor Démé, Piers Faccini, Mayra Andrade, Yael Naïm, Cheikh Lô, Nicolas Repac et Sébastien Martel. (Photos (Diaporama) : Frantz-Minh Raimbourg)
Vieux Farka Toure (Conférence de  presse), Mamani Keita (Conférence de  presse) , Victor Démé, Piers Faccini, Mayra Andrade, Yael Naïm, Cheikh Lô, Nicolas Repac et Sébastien Martel. (Photos (Diaporama) : Frantz-Minh Raimbourg)
Vieux Farka Toure (Conférence de  presse), Mamani Keita (Conférence de  presse) , Victor Démé, Piers Faccini, Mayra Andrade, Yael Naïm, Cheikh Lô, Nicolas Repac et Sébastien Martel. (Photos (Diaporama) : Frantz-Minh Raimbourg)
Vieux Farka Toure (Conférence de  presse), Mamani Keita (Conférence de  presse) , Victor Démé, Piers Faccini, Mayra Andrade, Yael Naïm, Cheikh Lô, Nicolas Repac et Sébastien Martel. (Photos (Diaporama) : Frantz-Minh Raimbourg)
Vieux Farka Toure (Conférence de  presse), Mamani Keita (Conférence de  presse) , Victor Démé, Piers Faccini, Mayra Andrade, Yael Naïm, Cheikh Lô, Nicolas Repac et Sébastien Martel. (Photos (Diaporama) : Frantz-Minh Raimbourg)
Vieux Farka Toure (Conférence de  presse), Mamani Keita (Conférence de  presse) , Victor Démé, Piers Faccini, Mayra Andrade, Yael Naïm, Cheikh Lô, Nicolas Repac et Sébastien Martel. (Photos (Diaporama) : Frantz-Minh Raimbourg)

Vieux Farka Toure (Conférence de presse), Mamani Keita (Conférence de presse) , Victor Démé, Piers Faccini, Mayra Andrade, Yael Naïm, Cheikh Lô, Nicolas Repac et Sébastien Martel. (Photos (Diaporama) : Frantz-Minh Raimbourg)

En toute logique, c’est Mory  Kante qui ouvrait le bal avec Pars, une chanson de son ami Higelin. (On oublie souvent que le grand Jacques fut dans les années 1980/90 un passeur des musiques du continent africain en invitant régulièrement des artistes de ces pays à participer à ces spectacles.)
Ce fut ensuite au tour du Burkinabé Victor Démé (NDLR : décédé depuis en 2015) de nous jouer Aline de Christophe (puis plus tard Des laids des laids, de Serge Gainsbourg) avant de laisser la place à la Malienne Mamani Keita (Andy des Rita Mitsouko) puis à Vieux Farka Toure (Comme un avion sans aile de Charlélie Couture).
Premier chanteur européen à entrer dans l’arène, Piers Faccini avait choisi d’interpréter seul avec sa guitare Santa Marya, du Malien Boubacar Traoré.
La jeune Capverdienne francophone Mayra Andrade nous servira un très réussi Comme un boomerang (Serge Gainsbourg) avant d’être rejointe par Yaêl Naïm et David Donatien pour un Petit pays de Cesaria Evora. La chanteuse israélienne se promènera seule sur le Folon de Salif Keita avant que le Sénégalais Cheikh Lô arrive sur scène pour reprendre le tube Comme d’habitude.
Toute les artistes reviendront ensemble pour un un Yé ké Yéké final autour de Mory Kante à la kora.
Final "Yé ké yé ké" avec de gauche à droite : Piers Faccini, Lansiné Kouyaté, Vieux Farka Touré, Mayra Andrade, Mory Kanté, Yael Naïm, Victor Démé, Cheikh >Lô, Johann Berby, David Donatien. (Photo : Frantz-Minh Raimbourg)

Final "Yé ké yé ké" avec de gauche à droite : Piers Faccini, Lansiné Kouyaté, Vieux Farka Touré, Mayra Andrade, Mory Kanté, Yael Naïm, Victor Démé, Cheikh >Lô, Johann Berby, David Donatien. (Photo : Frantz-Minh Raimbourg)

Si le choix des chansons peut en étonner plus d’un, c’est oublier que la chanson française a eu une immense influence sur de nombreux artistes du continent noir, mais que seuls les tubes étaient entendus jusqu’aux villages les plus éloignés. Pour Cheikh Lô : «Dans les années 60, on commençait à nous balancer ces musiques françaises. Il y avait des journaux comme « Salut les copains » et donc on était un petit peu «branchés».
Ceci expliquant cela, chaque artiste avait aussi ses propres raisons de choisir tel ou tel titre. Tous s’en expliquaient d’ailleurs pendant la conférence de presse précédant le concert :
«J’ai choisi d’interpréter "Aline" de Christophe » rigole Victor Démé « parce que  j'ai le même problème que lui ; une fois qu'on a perdu son amour, on a envie qu'il revienne ! ». 
« J’aime beaucoup «Comme un avion sans aile » de Charlélie Couture explique Vieux Farka Toure « La composition est proche de ma musique...et le titre me fait rire » ! 
Pour Piers Faccini, interpréter un titre de Boubacar Traore ne relève pas du hasard : « Sa musique m’a profondément influencé ». A 18 ans, c’était pour moi comme une porte qui s’ouvrait. J’ai pour son œuvre beaucoup d’amour, de la même façon que lorsque j’écoute les vieux bluesmen du Mississippi ».
Et les musiciens dans tout ça ? Sébastien Martel : "Jouer un morceau comme « Comme d'habitude » au balafon ce n'est pas instinctif. Cela a demandé énormément de travail au musicien pour mémoriser les mouvements...
Au bout du compte, on aura eu un concert imparfait certes (seulement quelques jours de répétitions !) mais une sacrée équipe, une ambiance bon enfant et l’envie de voir la création évoluer et voyager, pourquoi pas jusqu’en Afrique !
                                           Artcle réalisé par Frantz-Minh Raimbourg

Publié dans Concerts

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article